La capacité des peuples indigènes à s’adapter aux changements climatiques.
29 août 2018
De nombreux scientifiques climatiques affirment que les connaissances des peuples indigènes joueront un rôle important quant à l’évaluation du changement climatique et les efforts d’adaptation nécessaires.
Nul ne peut denier que les peuples indigènes sont les premiers à subir les impacts du changement climatique dû à leur dépendance ainsi que leur proche relation avec la nature. Aux Philippines, l’impact du changement climatique sur les peuples indigènes est exacerbé à cause de leur marginalisation ainsi que l’incapacité du gouvernent à reconnaitre et soutenir leur situation désastreuse.
Dans l’arrière pays, le long de la chaine de montagne Sierra Madre, sur le continent Luzon, vit un peuple indigènes Philippins du nom de Dumagat.
Le mois dernier, le CCNCI (Climate Change Network for Community Based Initiatives)– un réseau actif autour du changement climatique – a rendu visite à un village Dumagat dans le village de Rodriguez, province de Rizal, dans le but de continuer ses recherches concernant les impacts du changement climatique et d’évaluer les besoins ainsi que les vulnérabilités spécifiques au secteur.
Le peuple Dumagat a partage son histoire, à savoir, au combien le changement climatique a altéré dramatiquement leur façon de vivre en général.
Les impacts du changement climatique
Vanessa, 32 and, une maman de 4 enfants, dit que son village a déjà observé les signes d’énormes mutations de leur environnement dû au changement climatique.
Le manque de pluie a durci le sol et ils ont des difficultés à semer leurs plantations traditionnelles. Les animaux domestiques ont souffert de nombreuses maladies à cause de la longue saison sèche. Ils ont subi l’une des plus importantes infestations de nuisibles sur leur plantations ces dernières années découlant sur une forte réduction des récoltes. La régularité des pluies a fortement changé et il est maintenant très difficile de décider à quel moment préparer le sol et planter. Des précipitations extrêmes causent d’énormes chutes de pluie et d’important glissements de terrain ainsi que de l’érosion terrestre.
Pour contrer à ces difficultés, certains d’entre eux se sont tournés vers la production de charbon comme source de revenu. Malheureusement, la production de charbon est largement et injustement accusée d’être l’une des causes majeures de la dégradation des forets ainsi que le traditionnel kaingin (agriculture sur brulis) des peuples indigènes dissimulant la réalité quant aux industries d’extractions telles que l’exploitation forestière commerciale, les carrières ainsi que les larges mines qui détruisent l’environnement et la terres des peuples indigènes.
Un nombre de recherches a déjà prouvé que le système kaingin des peuples indigènes n’est pas une méthode d’agriculture destructive mais plutôt une pratique agricole durable qui promeut la biodiversité et la production des sols.
“Bakit nila kami hinuhuli sa pagkakaingin at pagtitinda ng limang sakong uling pero hinahayaan naman nilang magpatuloy ang logging at quarrying?” (Pourquoi les autorités veulent nous arrêter pour pratiquer le kaingin et vendre cinq sacs de charbons alors qu’ils laissent continuer l’exploitation des forets et des carrières ?) dit Vanessa.
Empiètement de l’exploitation des carrières
De larges exploitations de carrières ont déjà empiétées sur les terres ancestrales de Dumagat et menacent le déplacement du village. Les exploitations ont détruit leurs forets, leurs sources et les montagnes, détruit la biodiversité de la région et laissé de grandes quantités de déchets sur place, aggravant les effets du changement climatique.
"Sécuriser le droit à la terre pour les peuples indigènes est une solution au changement climatique prouvée, renier le droit à la terre aux peuples indigènes est une menace pour le reste des forets mondiales et la biodiversité. C’est aussi une cause principale de pauvreté. De nombreuses communautés indigènes font face à une forte pauvreté malgré le fait qu’elles vivent sur des terres riches en ressources car leurs droits ne sont pas respectés et leur développement auto déterminé n’est pas soutenu." Dit Victoria Tauli -Corpuz, envoyée spéciale des Nations Unies pour les droits des peuples indigènes.
Les femmes, les plus vulnérables au changement climatique
Mais les pauvres femmes, comme Vanessa, sont encore plus disproportionnellement affectées par les impacts du changement climatique car en tant que dispensateur de soins primaires, leurs activités quotidiennes dépendent directement de l’environnement naturel. De plus, leur rôle limité au niveau de la prise de décision, limite aussi leur capacité à s’adapter au changement climatique.
Les recherches du CCNCI ont démontrées que les femmes Dumagat subissent les conditions suivantes à cause du changement de température : a) la réduction du temps de travail sur leur ferme car elle ne peuvent pas supporter la chaleur, b) un revenu réduit causé par les mauvaises récoltes les forçant à rechercher des petits boulots en ville pour subvenir aux besoins de leur famille, 3) un fardeau grandissant avec l’assèchement des sources d’eau, 4) une détérioration de leur santé, 5) des tensions grandissantes au sein de la famille.
Les recherches conduites en partenariat avec Amihan National Federation of Peasant Women (la fédération philippine des femmes paysannes) ont été présentées par le CCNI lors d’un forum pour l’évaluation des capacités d’adaptations climatiques sur des secteurs vulnérables.
Les femmes sont clés a l’adaptation du changement climatique.
La recherche a également montre, que les femmes, malgré qu’elles soient les plus vulnérables au changement climatique, sont aussi les plus efficaces en termes d’adaptation au changement et même pendant des catastrophes.
Comme les femmes restent dans les communautés quand les maris partent travailler, elles ont joué le rôle de premiers secours durant des catastrophes. Leur responsabilité dans les foyers et les villages a également développé leur capacité à contribuer aux stratégies de subsistance face au changement climatique.
"Protéger les droits des femmes indigènes, qui sont la plupart du temps responsables pour la nourriture de leur communauté ainsi que la sécurité, et gérer leurs forets est particulièrement important" dit Tauli-Corpuz.
Dans le village de Vanessa, les peuples testent des méthodes d’adaptation particulièrement liées a la production de nourriture comme ci- dessous :
- La méthode des cultures intercalées comme prévention des nuisibles
- La plantation d’espèces de bananes plus résistantes aux nuisibles
- Les plantations de bambous, citronnelle et arbres a fruits pour éviter l’érosion des sols
- L’agriculture en terrasses
- La plantation et propagation des plantes aromatiques
- La culture d’espèces résistantes comme des pois cajan, le manioc et la patate douce
- L’enfouissement des racines des cultures récoltées pour éviter l’assèchement
- L’amélioration des actions organisées collectives pendant la production de nourriture ainsi que durant les catastrophes naturelles
Ces stratégies d’adaptation font parties de la connaissance de l’environnement que possèdent les peuples indigènes résultant de leur proximité avec la nature. De plus en plus de scientifiques du changement climatique affirment que ce savoir indigène jouera un rôle vital pour l’évaluation du changement climatique ainsi que pour les efforts d’adaptation. Et cela doit être mis en avant auprès des femmes des peuples indigènes qui ont un rôle vital en tant que gardiennes de ce savoir et des ressources naturelles.